4 Chants corses d'Henri Tomasi
Traductions en français par Danielle GABRIELLI
LAMENTATIONS AU SUJET DU TRAIN
Car le train en Corse
Est fait pour les gens biens
Pour nous d’autres problèmes
Sont douleur et crève-cœur
Les charretiers pleurent
Les bergers soupirent
On ne vend plus de fourrage
Peu de pain et pas de vin
Les semaines passent
Sans que l’on serve un petit verre
Nous n’avons plus rien à faire
A la plaine mon Angelinu ?
Angeli, mon petit Angelinu
J’ai pensé à une chose ;
Quand le train passe
Tire une rafale de mitraillette
Et aux gens qui sont à l’intérieur
Fais leur rebrousser chemin.
LAMENTU D’U TRENU
Or in Corsica lu trenu
E’ fattu per le signori
Per noi altri osteriaghj
Son dulori e crepacori
Pienghjenu li carritteri
Suspiranu li pastori
Nun si vende più furagi
Pocu pane e mica vinu
Passanu le settimane
Nun si versa un bicchjerinu
Chi c’avemu più da far
In piaghja lu mio ‘Angelinu ?
Angeli, lu mio ‘Angelinu,
Pensatu aghju una cosa ;
Quand’ellu passalu trenu
Tiralli una mitragliosa
E la jente chisò dentru
Burtalli a la ritrosa !
SERENADE – COMPLAINTE
Parchè bella e fresca veni
Quandi u sole sciotta in mare
Quando colla da li feni caldi
Adori e cantirari
Nude e braccie e in pettu un fiore,
A guardati lu me amore
Diventa puru e chjaru
Cume u celu
Ejuti guardu Tremi allora
Cume a spiga in cor d’aprile
More u jornu e sona l’ora
Di u rusariu a u campanile
Po’ s’accendenu le stele
Piatta è a luna appetu a un monte
E nostre anime surelle
Ad amà forse sô pronte
Ah ! Ma stai zitta ed eju mi chetu
L’ombra copre la to’ fronte
E si piatta u nostrum affettu
Cume a luna appetu a un monte. Ah !
SERENADE COMPLAINTE
Pourquoi la belle viens-tu le soir
Quand le soleil disparaît dans la mer
Quand s’élèvent des frondaisons chaudes
Odeurs et chants rares
Les bras nus et une fleur sur la poitrine
En te regardant mon amour
Devient pur et clair
Comme le ciel
Je te regarde tu trembles alors
Comme l’épi en plein avril
Le jour se meurt et sonne l’heure
Du rosaire au clocher
Puis les étoiles s’illuminent
La lune est cachée derrière une colline
Et nos âmes sœurs
Sont prêtes à aimer
Ah ! Tu demeures silencieuse et moi je me tais
L’ombre couvre ton front
Et notre affection se cache
Comme la lune derrière la colline. Ah !
NANNA (Berceuse)
Nelli monti di Cuscioni
V’era nata una zitedra
E la so’ cara mammoni
Li face a l’annannaredra
E quand ella l’annannava
Stu talentu li pregava
Addurmentati parpena
Alegrezza di mammoni
Ch’aghju da allesti la cena
E da cosge li piloni
Pe’u to’ tintu babbaredru
E pe’ lito’ fratedroni
NANNA (Berceuse)
Dans les montagnes de Cuscioni
Etait née une fille
Et sa chère grand-mère
Lui chante une berceuse
Et quand elle la berçait
Ce talent elle lui souhaitait
Endors-toi par pitié
Bonheur de grand-mère
Car je dois préparer le souper
Et raccommoder les habits
De ton pauvre grand-père
Et de tes grands frères
U MERU PASTORE
Bumemu pientà lumaghju,
Cullallu fin’ a le stelle
Or sarà cuntenta Cecca
E più le so’ figliutelle :
Chi nun purteranu più
Addossu le centu pelle
O Bracò la to’ furtuna
Avà si, s’é discilata ;
Tantu l’hai cumbatuta
Ch’a la fine l’hai truvata
Era entr’un cornu di capra
Culà stava intufunata
Ah
LE MAIRE BERGER
Nous voulons planter un mât
Lui faire atteindre les étoiles
Cela fera plaisir à Françoise
Et plus encore à ses filles
Car elles ne s’habilleront plus
Avec les cent peaux (de chèvre)
O Bracò ! Ta fortune
Maintenant a disparu
Tu l’as tellement recherchée
Qu’à la fin tu l’as trouvée
Elle était dans une corne de chèvre
Et là elle restait enfouie
Ah